billet mai 2025

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Lorsque l’on est frustré ou que l’on a du ressentiment parce que notre vie ne va pas comme nous voulons, que les autres semblent mieux lotis, que nous avons l’impression de ne plus avoir de maîtrise sur nos vies et qu’on en perd le sens, alors il est difficile de regarder les autres avec bienveillance. Une hostilité sourde s’insinue qui nous rend suspicieux, d’autant plus lorsque des voix médiatisées attisent la défiance vis-à-vis de la différence.
« Dieu n’avantage personne : tout être humain, quelle que soit sa nationalité, qui le respecte et fait ce qui est juste, lui est agréable. […] Pendant que Pierre parlait encore, le Saint Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient son discours. Les croyants d’origine juive qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de constater que le Saint Esprit donné par Dieu se répandait aussi sur des non-Juifs. » (Actes 10, 34-35 + 44-45)
Les manifestations miraculeuses n’étonnent pas les contemporains des premiers chrétiens. Miracles, phénomènes extraordinaires, guérisons miraculeuses, manifestations de l’Esprit… tout cela n’est pas étranger au monde du début du christianisme, à la différence du nôtre, sans doute trop rationnel.
Or les croyants sont ici « stupéfaits » ! Et ce n’est pas « le Saint Esprit » en train de descendre qui les stupéfie. Ce qui les fait réagir, c’est de constater que cet Esprit va là où ils ne s’y attendent pas : sur les non-Juifs, c’est-à-dire des étrangers à leur nation.
La stupeur ne vient pas du phénomène lui-même, alors qu’on peut s’interroger sur la visibilité de celui-ci : comment est-ce que cela se produit ? Y a-t-il une sorte de colombe qui descend, comme lors du baptême de Jésus ? Ou bien est-ce une sorte de nuage qui couvre tout le monde ? Bref, pour nous, lecteurs, cela restera mystérieux.
Le grand bouleversement de cet épisode, c’est la générosité sans frontière de la grâce de Dieu. Elle se manifeste en « touchant » les personnes que les premiers chrétiens d’origine juive ne considèrent pas vraiment. Ça les surprend, ça les choque sans doute, en tout cas ils en sont très étonnés (peut- être même contrariés), stupéfaits.
Pierre, lui, saura reconnaître le signe de la grâce et accueillir les personnes concernées en proposant qu’elles soient baptisées. Par l’Esprit, Dieu a fait signe aux chrétiens issus de la première Alliance, pour leur montrer que d’autres sont au bénéfice de sa grâce. Pierre comprend qu’il faut alors faire signe à son tour pour accueillir ces personnes et les reconnaître dans le statut que Dieu leur donne.
Aujourd’hui, nous avons souvent les mêmes difficultés que les premiers chrétiens. Bien souvent, nous ne savons pas comment réagir lorsque de nouvelles personnes arrivent et sont touchées par le message de la Bonne Nouvelle qu’elles viennent écouter. Comme elles sont pour nous des étrangères – dans le sens qu’elles ne sont pas des parpaillots de longue date, pas des protestants de souche, ou qu’elles ne sont pas du coin (de la ville, de la région, de la paroisse…) –, nous avons du mal à les accueillir.

Le signe du baptême, c’est le signe de la grâce de Dieu. Il ne dit pas : « tu seras désormais un parpaillot comme nous » (la peur de la différence oriente alors l’accueil vers une assimilation au « même »), il dit : « c’est le Christ qui fait de toi mon frère, ma sœur, tel.le que tu es », et j’accepte de t’accueillir avec toute ta différence !

C’est un défi qu’il nous faut relever, tout comme les premiers chrétiens juifs l’ont fait. L’autre sera toujours différent, c’est ainsi. En revanche, sa différence n’est pas un obstacle pour l’accueil inconditionnel de Dieu, que ça nous plaise ou non !

Faisons confiance à Dieu : il nous aide à surmonter nos appréhensions et nous invite à croire en son amour pour nous, pour tous.

Anne-Marie Feillens,
présidente du conseil régional de l’EPUdF en Sud-Ouest

 

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