(…) Les événements du monde fragilisent nos certitudes et tout ce qui pouvait nous paraitre stable jusqu’à présent. Que ce soit la terre physique, avec ses phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, comme ces inondations spectaculaires en Espagne, ou que ce soit la terre sociale avec ses crispations identitaires et sécuritaires, … les fondements de ce qui nous paraissait stable jusqu’à présent semblent se disloquer.
Il nous faut alors d’autant plus nous appuyer sur les Ecritures dans lesquelles les prophètes affirment que la stabilité est dans la bonté de Dieu et son alliance de paix (Esaïe 54,10). (…)
(…) Les questions climatiques deviennent de plus en plus prégnantes. Nous devons nous y intéresser de près. L’impact financier nous contraint et nous oblige à adapter nos fonctionnements concrets pour tenter de réduire les factures de chauffage, par exemple. Il me semble que ce serait encore plus intéressant d’inscrire ce sujet dans une réflexion plus large pour ne pas être à la remorque des contraintes mais envisager la réflexion dans son sens théologique.
D’autant que le service national « Espérer pour le vivant » nous aide dans cette réflexion et nous permet de retrouver la joie et l’espérance qui s’expriment dans les textes bibliques fondateurs. La vie offerte par Dieu est une vie qui se donne par amour et nous pouvons nous ressourcer dans ce don. (…)
(…) Parce qu’à force d’exiger de la nature qu’elle ne soit qu’un produit à consommer, à transformer ou à détruire, l’être humain s’est aussi abîmé dans des relations sociales d’asservissement ou les autres sont mesurés à l’aune de valeurs marchandes ou de catégories utiles ou non.
La réflexion théologique et biblique peut nous aider à prendre conscience de cette manière de faire qui s’est insinuée partout y compris en chacune et chacun de nous ! (…)
(…) Il s’agit en effet de se décentrer et de sortir d’une posture qui déprécie tout ce qui n’est pas soi. Le défaut de l’individualisme n’est pas qu’un intérêt exclusif ou excessif pour sa propre personne. Il s’agit aussi d’un ressenti vis-à-vis de l’autre qui devient une menace, une concurrence. Il faut sortir de cette posture mortifère.
La marchandisation du vivant et des repères sociaux rend le lien interpersonnel dépendant d’une comparaison permanente.
Le message biblique de la Bonne Nouvelle de Dieu en Jésus Christ nous offre une promesse qui, dans ce contexte de concurrence, ne peut être accueilli que si l’être intérieur s’en remet entièrement à la promesse de Dieu. L’autre est aimé de Dieu autant que moi.
Cette parole d’amour inconditionnel risque fort d’être insupportable lorsque notre identité dépend de la comparaison avec l’autre, différent. Cet amour de Dieu pour chacune et chacun a alors besoin de s’inscrire dans la conviction d’une identité personnelle fondée en Dieu.
L’autre est aimé de Dieu, autant que moi, et nous pouvons vivre ensemble, en trouvant la juste place de chacun et chacune, sans se blesser, sans se sentir agressé. (…)
Anne-Marie Feillens
Présidente du Conseil régional