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En avril 1933, Paul Tillich, professeur de philosophie à l’Université de Francfort, est révoqué par les nazis arrivés au pouvoir en janvier de la même année. Paul Tillich quitte l’Allemagne et se rend à New York où une faculté de théologie lui offre un poste. Sur le campus universitaire, les professeurs assuraient à tour de rôle les cultes. Paul Tillich prêche à une période où le monde vacille à l’approche de la guerre. Dans ses prédications, Tillich ne cache pas les horreurs du monde et la menace de la catastrophe, mais il s’efforce d’annoncer une confiance et une espérance qui subsistent « malgré tout ».
Aujourd’hui, le monde est différent, mais il est tout autant traversé par la menace. Avec les conflits en Ukraine, à Gaza, en République démocratique du Congo. Avec les effets des changements climatiques. Avec les excès de stigmatisation contre des catégories de population pour cause d’identité nationale, de genre, d’engagement associatif. Le monde d’aujourd’hui est tout autant traversé par les menaces.
Et comme pour Tillich et ses contemporains, nous pouvons réfléchir à ces questions en gardant à l’esprit cette confiance et cette espérance que nous inspire la Parole de Dieu, à travers les textes prophétiques. Le relèvement est
toujours possible.
« Levez les yeux vers les cieux et regardez en bas vers la terre : les cieux se dissiperont comme une fumée. La terre s’usera comme une tunique ; le monde lui-même s’écroulera. Mais ma justice sera pour toujours, et mon salut ne connaît pas de fin » Esaïe 51,6
Ces paroles prophétiques résonnaient à l’époque de Tillich, elles résonnent encore pour nous aujourd’hui. « Les visions prophétiques sont devenues concrètement, physiquement possibles. […] La terre vole en éclats. […] Voilà la signification religieuse de la période où nous sommes entrés. » (Paul Tillich, Quand les fondations vacillent, Labor et Fidès, 2019, p.19)
« L’Éternel est le fondement sur lequel sont posés tous les fondements et que rien ne peut ébranler. Dans l’effritement de notre monde, quelque chose d’immuable, d’inaltérable, d’indestructible, se manifeste. […] À la lumière de l’Éternel, le temporel apparaît transitoire. » (Ibid, p25)
Nous ne posséderons jamais Dieu. Il est toujours au-delà de ce que nous pourrions en dire. En revanche, l’espérance et la confiance que sa Parole nous inspire sont, elles, à portée de main, à portée de cœur.
Dans les jours heureux, la confiance et l’espérance semblent aller de soi. Mais dans les jours sombres et menaçants, c’est là que cette confiance et cette espérance sont indispensables.
« Ma bonté pour toi ne s’ébranlera pas et mon alliance de paix ne chancellera pas, dit l’Éternel » (Es. 54,10)
Anne-Marie Feillens,
présidente du conseil régional de l’EPUdF en Sud-Ouest