Dans l’écriture de son récit des événements liés à la naissance de Jésus, l’évangéliste Luc tient à donner la parole à deux parents qui ne s’attendaient pas à l’être ! Marie, la mère de Jésus. Elle est trop jeune et pas encore mariée. Zacharie, le père de Jean (cousin de Jésus). Il est trop vieux et avec son épouse ils n’ont jamais pu avoir d’enfants. Marie, tout comme Zacharie, entendent l’annonce de l’ange Gabriel qui les informe, chacun à leur tour, qu’ils seront parents d’enfants aux destinées particulières.
Des quatre évangiles, Luc est le seul à donner longuement la parole à la mère (de Jésus) et au père (de Jean). Ces prises de paroles ont par la suite été intitulées « cantique », comme pour définir un chant exprimant l’étonnement de ce qu’il et elle vivent.
Si ces paroles ont été gardées dans la Bible, c’est pour qu’elles soient lues, transmises, racontées… Elles ont une valeur telle, qu’il a paru indispensable de les conserver par écrit afin que d’autres puissent en être touchées.
Dans leurs chants, ils affirment tous les deux que le Dieu d’Abraham n’oublie pas l’Alliance qu’il a conclu avec son peuple. C’est un Dieu fidèle qui s’engage. Il se préoccupe de celles et ceux qui se tournent vers Lui. Il secoure les humbles et les affamés. Il est plein de tendresse et de bonté.
Ces naissances inédites orientent les parents vers des paroles qui expriment une solidité (la fidélité de Dieu) au cœur de vies fragiles (humbles, affamés, …). Le salut annoncé par la naissance successive de Jean et de son cousin Jésus est un salut qui apporte la bonté, le pardon et qui permet de s’extraire du mal, du malheur et de la peur.
« Notre Dieu est plein de tendresse et de bonté : il fait briller sur nous une lumière d’en haut (…) pour éclairer ceux qui se trouvent dans la nuit et dans l’ombre de la mort, pour diriger nos pas sur le chemin de la paix. » (Luc 1,78-79)
La naissance est une promesse de vie qui s’inscrit dans la réalité du monde traversé par le doute, le mal, la peur, mais traversé aussi par la beauté et la fraternité.
Or qu’est-ce qui est essentiel pour nos vies ? Nous laisserons-nous entrainer par les discours malsains qui se jouent de nos peurs et nous embarquent dans le rejet de l’autre ? Et si la parole de promesse et de fidélité venait plutôt nous soutenir pour maintenir le lien de fraternité et nous donner le courage de rejoindre les autres ? Et si nous faisions le choix de la bienveillance au lieu de considérer les autres comme de potentiel dangers ?
Le Christ Jésus – dont nous célébrons l’incarnation au monde à travers la fête de Noël – est venu renouer le lien avec Dieu et rappeler que l’humanité ne peut se vivre que par la fraternité/sororité. Sans ces liens fraternels, même compliqués, même rugueux, nous ne sommes plus humains.
Que la fête de Noël nous donne de soigner notre humanité en retrouvant l’essentiel de la vie.
Anne-Marie Feillens