billet régional juillet/août 2024

Rester ferme – tenir bon !
arbre dans le vent

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L’Evangile de Matthieu rapporte les paroles de Jésus. Ces paroles pourraient bien nous aider aujourd’hui, dans l’actualité de nos Eglises et du monde. Jésus nous invite à ne pas nous laisser égarer. En effet, des paroles trompeuses combinées avec des événements dramatiques risquent fort de nous égarer, et c’est sans doute déjà le cas pour beaucoup de nos contemporains. Envahi par la peur, l’être humain et le citoyen électeur est entrainé vers des paroles trompeuses qui promettent la sécurité sous forme d’une forteresse excluante.

« Prenez garde que personne ne vous égare. (…) Vous allez entendre parler de guerres et de rumeurs de guerre. Ne vous laissez pas effrayer. (…) Ils se trahiront et se haïront les uns les autres. (…) Le mal se répandra à tel point que l’amour d’un grand nombre de personnes se refroidira. Mais celui qui tiendra bon jusqu’à la fin sera sauvé. Cette Bonne Nouvelle du Royaume sera annoncée dans le monde entier pour que le témoignage en soit présenté à tous les peuples. » – Mt 24, 4 à 14 – extraits

Tenir bon, rester ferme : voilà ce à quoi nous sommes invités par Jésus. Au lieu d’attendre de l’aide extérieure, Jésus enseigne ses auditeurs à s’enraciner dans une force intérieure qu’Il nourrit lui-même par la Parole de grâce venue de Dieu.

Tenir bon, rester ferme dans l’amour-agapé est la seule attitude évangélique possible. Dès qu’on se met à exclure et à haïr y compris les personnes identifiées comme « ennemies », on s’éloigne de l’Evangile.

Tenir bon, rester ferme, ne doit pas se faire au détriment d’autres catégories, comme si notre vie n’était possible qu’en éliminant (par la mort, bien réelle, ou par l’exclusion) celles et ceux qui ne sont pas conformes. Or là, toutes les dérives s’installent dans une ambiance pourrie : rejet des personnes porteuses de handicap, rejet des personnes issues de l’immigration, rejet des personnes dont le genre est différent, …

Tenir bon, rester ferme, c’est ancrer ses convictions dans cet amour qui nous est d’abord donné et dont nous pouvons témoigner à notre tour. Il nous revient aujourd’hui, tout comme les grandes figures résistantes du passé – dans notre tradition protestante et dans d’autres figures historiques de résistance – d’être à notre tour en résistance.

Tenir bon, rester ferme, c’est tracer le sillon de l’Evangile pour vivre avec les uns et les autres (en luttant contre les violences). L’amour-agapé est le projet qu’il faut sans cesse remettre à jour pour se projeter dans l’avenir avec espérance. Sinon, les effets de l’exclusion et de la haine ne cesseront d’alimenter une spirale sans fin d’humiliation et de ressentiment.

La barbarie de l’attaque du 7 octobre par le Hamas contre la population israélienne a déclenché une terreur aveugle contre la population palestinienne. Comment sortir de cette horreur et de ses effets, y compris dans notre pays ? Il faut tenir bon, rester ferme, non pas dans le soutien à telle ou telle partie, tel ou tel groupe, telle ou telle communauté discriminée, mais dans la conviction que chacune et chacun a sa place parmi les autres, ni plus ni moins.

Pour celles et ceux qui confessent que Jésus-Christ est le Seigneur, nous avons la conviction d’appartenir à la même humanité : celle qui fait de nous des enfants d’un même Père. Que d’autres personnes, d’autres croyances ou d’autres courants de pensée ne se reconnaissent pas dans cette conviction n’enlève rien à la nôtre.

Tenir bon, rester ferme ! Dans ces temps particulièrement troublés c’est notre résistance qui sera notre force contre tout ce qui abîme l’humanité. A chaque fois que nous nous sentons seules, allons aider les personnes qui le sont aussi voire davantage. A chaque fois que nous désespérons, retrouvons-nous en assemblée, dans les cultes, dans les maisons, pour écouter l’Evangile et prier Dieu. A chaque fois que nous nous sentons démunis, impuissants, ouvrons la bible pour y puiser la force que Dieu met dans nos faiblesses. Et que notre vie soit le reflet de nos convictions…

Résister et protester (pour Dieu et pour l’humanité) : voilà ce qui peut nous ramener vers l’espérance !

 

Anne-Marie Feillens
présidente du conseil régional de l’EPUdF
en Sud-Ouest

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