Edito été 2023

« Malheureux… »
Justizia

Y a-t-il des violences plus légitimes que d’autres ? Y a-t-il des violences que nous acceptons plus facilement que d’autres ? Y a-t-il des violences que nous nions et d’autres sur lesquelles nous braquons nos yeux ?

 

En ce début d’été, la mort d’un jeune tué par un policier embrase les quartiers de plusieurs villes en France. Qu’est-ce qui nous indigne le plus ? Sa mort ? Les violences urbaines ? Le traitement de l’information à ce sujet par les médias ? Les prises de paroles des personnalités politiques ?

 

Qu’est-ce qui (devrait) nous inquiète(r) le plus ? Le chaos des violences urbaines dont les images circulent sur tous les réseaux sociaux ? La peur des familles des quartiers défavorisés pour leurs jeunes constamment contrôlés et sans avenir ?

 

Si nous voulons la paix, la tranquillité, il faut la vouloir pour tous et s’assurer que tous aient accès à la justice, seule garantie pour la paix durable. Le retour au calme et l’arrêt des violences urbaines ne sera pas le début de la paix.

 

A chaque accès de violence, les lois se durcissent et renforcent les pouvoirs policiers sous les coups de gueule des défenseurs d’un ordre répressif assimilé à la République. Ils font croire à une solution miracle et apaisent les bonnes consciences : le calme est revenu ! Le calme, oui, mais pas la paix ni la justice.

 

Quand le calme sera revenu – et il doit revenir ! – ne nous arrêtons pas là. Relisons avec l’évangile de Matthieu les paroles de Jésus qui interpelle les autorités auxquelles sont soumises les foules de son époque : « Pharisiens hypocrites, (…) vous négligez ce qu’il y a de plus grave dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité ; c’est ceci qu’il fallait faire, sans négliger cela. » (Mt 23,23)

 

Jésus est d’autant plus dur contre les Pharisiens qu’ils sont censés être les garants de la Loi et de la justice. Or Jésus dénonce leur comportement qui fait peser des fardeaux disproportionnés sur les hommes (Mt 23,4). Ce comportement est d’autant plus grave qu’il brouille les cartes (Mt 23, 28). Comment, dans ce cas, les foules pourraient-elles être instruites et guidées par la justice ?

 

Il faut dénoncer et refuser la violence. TOUTES les formes de violence. C’est une exigence qu’il nous faut avoir pour être cohérent dans nos convictions et témoigner de cette Parole unique qui nous est donnée : chaque vie est précieuse aux yeux de Dieu.

 

Anne-Marie Feillens

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