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billet décembre 2025
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La paix est un combat
@freepic
Le feuilleton rocambolesque du cambriolage du musée du Louvre, avec le vol de bijoux anciens du patrimoine français, s’est produit au moment où les députés discutaient des questions de budget à l’Assemblée nationale, et notamment d’une proposition de taxe sur les plus grandes fortunes.
Dans la plupart des médias, ces deux nouvelles se faisaient écho avec les mêmes cris offusqués. Le vol des bijoux côtoyait l’impensable libéral : taxer les riches !
Le 27 octobre marquait également les vingt ans des émeutes de banlieue après la mort de deux jeunes à Clichy-sous-Bois en 2005. Dans un reportage, une jeune femme racontait que son frère, ingénieur, a fini par quitter la France pour stopper la spirale des contrôles au faciès qu’il subissait constamment, et pour décrocher un travail. Il s’est installé à l’étranger, bien accueilli, et a trouvé une bonne situation professionnelle.
« Tout royaume dont les habitants luttent les uns contre les autres finit par être détruit, ses maisons s’écroulent les unes sur les autres. » (Luc 11, 17)
Aujourd’hui, l’extrême droitisation des discours décomplexés attise la haine et le rejet de celles et ceux qui sont considérés comme pas assez blancs ou pas assez français, ou trop assistés ou trop fainéants, etc. Ces discours, portés en premier lieu par des personnalités politiques, renforcent la division et la méfiance des un.e.s à l’égard des autres.
Rien de nouveau : « diviser pour mieux régner » est la devise des puissants mal intentionnés dont l’objectif est de garder leur position, sans égard pour les autres, ce qui ne fait que creuser encore plus les écarts mortifères.
Dans ce temps de l’Avent du mois de décembre, la naissance de l’enfant de Noël apporte une lumière tout autre sur le monde, sans pour autant verser dans la niaiserie. Jésus lui-même s’en explique : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le combat » (Mt 10,34).
Les exemples ne manquent pas pour expliquer cette assertion de Jésus. En effet, il ne suffit pas de faire taire les armes (ce qui est déjà une grande avancée pour les populations sous le feu des bombes et qui subissent la famine) pour établir la paix ! Le combat pour la justice, voilà la vraie paix. Mais c’est un combat qui entraîne des mécontentements à l’intérieur de chaque camp. C’est un combat difficile qui suppose d’accepter de perdre pour un gain commun. Le combat est d’autant plus rude que l’on part de loin lorsque la pratique du compromis et du débat a disparu au profit du rapport de forces.
À la suite du Christ, les chrétiens ont la responsabilité d’appeler à ce combat pour la justice, afin de replacer ce combat dans la lignée du Royaume de Dieu.
Ainsi, suite à la récente mise en place du cessez-le-feu à Gaza et de la libération des personnes captives, les responsables des Églises chrétiennes à Jérusalem ont diffusé un communiqué* commun :
« Nous nous joignons à nos frères et sœurs chrétiens et à toutes les personnes de bonne volonté à travers le monde pour rendre grâce au Tout-Puissant de nous avoir conduits à ce moment propice, même si nous sommes conscients que le travail de consolidation de la paix ne fait que commencer. Que Dieu nous accorde à tous la grâce de nous consacrer à nouveau à cette tâche vitale, en nous guidant vers cet âge d’or de la paix tant attendu par les prophètes et les sages d’autrefois, et pour lequel notre Seigneur Jésus- Christ lui-même a donné sa vie, ressuscitant à une nouvelle vie au-delà de la tombe. » – Les patriarches et responsables des Églises de Jérusalem
Anne-Marie Feillens,
présidente du conseil régional de l’EPUdF en Sud-Ouest
*Vous pouvez lire la déclaration sur la fin de la guerre à Gaza du 14 octobre 2025 parue dans la revue de l’Action chrétienne en Orient ici